L’Observatoire National de la Vie Etudiante a publié les résultats d’une enquête sur les conditions de vie des étudiants en France dus à la crise sanitaire entraînée par la pandémie de la Covid-19. Décryptage. 

Plusieurs thèmes abordés pendant l’enquête

Quelles conséquences la crise sanitaire a-t-elle eu sur la réalisation des études, sur les conditions de logement ou encore les ressources financières des étudiants en France ? Comment ceux-ci ont-ils vécu cette période ? L’Observatoire National de la Vie Etudiantea réalisé une enquête en ligne entre le 26 juin et le 8 juillet 2020 auprès des étudiants ayant répondu à l’enquête Conditions de vie 2020 et ayant accepté d’être recontactés. Étaient concernés par cette enquête les étudiants inscrits en 2020 à l’université, en Grand Établissement, enCPGE, en école d’ingénieur, decommerce, d’art et de la culture. Au total, un peu plus de 45 000 étudiants ont été sollicités par mail pour répondre à l’enquête. L’enquête menée par l’Observatoire national de la vie étudiante sur le ressenti des étudiants pendant la période de confinement montre que la crise sanitaire a eu d’importants effets sur leurs conditions de vie : nombreux sont celles et ceux, notamment parmi les plus jeunes , ayant fait le choix de rejoindre leur famille, bénéficiant ainsi, pour une majorité, d’aides plus nombreuses et de conditions de logement dans l’ensemble plus favorables. Ce retour à une forme de cohabitation contrainte par les évènements n’a toutefois pas empêché pour certains d’entre eux l’existence de conflits ou encore la nécessité de s’occuper d’un proche malade, autant d’éléments qui ont pu perturber le suivi des études. Les signes de détresse psychologiques ont été dans l’ensemble plus nombreux dans la population étudiante pendant cette période de confinement, de même que la consommation d’alcool ou le renoncement aux soins. La formation à distance et les cours en ligne, mis en place dans la plupart des établissements, a permis de révéler de nouvelles inégalités au sein de la population étudiante : avec le développement des cours en mode distanciel, disposer d’un ordinateur personnel, d’une bonne connexion internet ou encore d’un environnement calme, sont devenus particulièrement essentiels pour la réussite de chacun. Les étudiants étrangers, par l’éloignement de leur famille et leurs conditions de vie et de travail plus précaires, apparaissent ainsi comme les grands perdants de la crise sanitaire. La perte ou la diminution de l’activité salariée, l’annulation ou le report des stages ou encore l’interruption des mobilités internationales ont également transformé l’expérience étudiante, fragilisant davantage les catégories les plus précaires. Ces transformations ont également généré des inquiétudes particulièrement importantes parmi les étudiants en fin d’études, allant jusqu’à modifier, pour certains, leurs projets d’orientation et d’insertion. Les effets de la crise pourraient ainsi se faire sentir encore longtemps sur la population étudiante.

L’entourage familial, un refuge pendant la crise

En période normale de cours, un tiers des étudiants vivent chez leurs parents et deux tiers ont quitté le domicile parental (enquête Conditions de vie 2016). La crise sanitaire liée à la pandémie de COVID‑19 a eu pour effet de modifier le mode de logement des étudiants : au moment du confinement, près de la moitié des étudiants interrogés (44 %) déclarent avoir quitté le logement qu’ils occupaient habituellement durant la semaine de cours. L’entourage familial (parents et, dans une moindre mesure, fratrie ou conjoint) est apparu comme un refuge pendant la crise sanitaire, puisque plus des trois quarts des étudiants ayant changé de logement, avant la crise, ont été confinés avec au moins un de leurs parents. En outre, parmi les raisons mentionnées par les étudiants ayant quitté leur lieu habituel de résidence, la volonté de se rapprocher de leur famille a été citée par 63 % des étudiants, juste après l’envie de ne pas rester seul (66 %) et avant l’envie d’avoir un logement plus grand (62 %), mais loin devant la volonté d’avoir une meilleure connexion internet ou un meilleur équipement (24 %) ou d’économiser un loyer (13 %). Parmi les étudiants n’ayant pas changé de logement, la raison la plus fréquemment invoquée est qu’ils n’en avaient pas le souhait (53 %) mais également le fait qu’ils n’en ont pas eu la possibilité (35 %). Lesétudiants étrangersont plus souvent déclaré ne pas avoir changé de logement que ceux de nationalité française (74 % contre 53%), invoquant pour certains l’éloignement (31 % contre 13 %), ou un problème de moyens matériels et financiers (24 % contre 6 %) suite notamment à la fermeture des frontières de plusieurs pays.