Les classements internationaux des universités ont pris de plus en plus d’importance ces dernières années. Ils justifient des attributions ou des retraits de subventions, l’attraction d’étudiants ou de chercheurs étrangers, la reconnaissance du diplôme par les entreprises, etc… Mais que se cache-t-il réellement derrière ces palmarès ?

Il existe de nombreux classements des universités mondiales réalisés par des institutions nationales ou internationales, des centres de recherche, des universités, etc. Chaque classement utilise un ensemble de critères complexes qu’il juge pertinent : reconnaissance de l’établissement par les autres université mondiales, employabilités des diplômés, ou encore nombre de publication des chercheurs.

On distingue ainsi deux types de classement, un classement dit de réputation, qui se base sur un taux global de satisfactions, puis un classement de performance qui considère plutôt les résultats scientifiques des diverses universités. Sur les deux possibilités de classement, il semblerait toutefois que la réputation semble primer.

Ces choix de critères ne sont pas neutres et font grandement changer le classement. C’est pour cela, qu’avant de se fier à un classement publié sur internet, il est important de comprendre ce qu’il a essayé d’évaluer.

Ainsi, un étudiant voulant faire carrière dans la recherche devrait plutôt se fier au classement privilégiant les publications scientifiques. Au contraire, ceux voulant intégrer le secteur privé, doivent se pencher sur l’employabilité des diplômés et leur salaire à l’embauche.

Parmi les classements internationaux les plus suivis :

– Times Higher Education Word University Ranking

Times Higher Education, journal britannique publie depuis 2004, le palmarès des universités mondiales et ce avec la collaboration de Quacquarelli Symonds. Les critères de classements couvraient alors l’enseignement et la recherche et se basaient sur des données bibliométriques, et sur la réputation transmise à travers divers sondages réalisés.

La collaboration entre Times Higher Education et Quacquarelli Symonds a pris fin en 2009, et un nouvel accord a été signé entre Times Higher Education et Thomson Reuters

– Shanghai Academic Ranking of word Universities

 Pour établir le palmarès des établissements d’enseignement supérieur, Shanghai compare 1200 institutions selon 6 indicateurs, tous liés à la recherche. Cinq prennent en compte et en priorité un critère de taille, plus il y a de chercheurs dans une institution et plus la note de celle-ci sera haute. Le palmarès considère donc essentiellement des disciplines scientifiques.

Ainsi Shanghai considère, le nombre de prix Nobel et médailles Fields pour les anciens élèves,  les chercheurs les plus cités dans leurs disciplines, le nombre de publications dans Nature et Science, dans Science Citation Index et dans Arts & Humanities Citation Index, et enfin la performance académique selon la taille de l’institution…

Bien comprendre ces classements

Si ces classements restent de référence il s’agit de bien les comprendre pour prendre du recul car les méthodes sont toutefois très critiquées et des limites sont également mises en avant.
Pour le chercheur Québécois Yves Gingras, et pour ce qui concerne le classement de Shanghai, le classement démontre un manque de fiabilité, comme cet exemple flagrant qui en 2008 donnait à l’Université Humboldt de Berlin un bond en avant de 100 rangs, pour sa publication en 1922 du Prix Nobel d’Einstein.
Pour le Rapport Bourdin, les limites méthodologiques sont nombreuses et les sources des indicateurs ne sont pas toujours justifiées et fiables, ainsi les écarts de significations ne sont pas non plus très justifiés, la légitimité globale est bien loin d’être indiscutable.
Et surtout à la vue des critères de notation, il est évident que les grandes ou très grandes universités sont toujours favorisées face aux petites universités qui ont néanmoins leur atout comme le suivi personnalisé de leurs étudiants.
Il faut également se méfier des déformations de ces classements faites dans les médias. Ainsi, il y a quelques mois, les médias annonçaient fièrement que l’Université Cadi Ayyad de Marrakech s’était hissé à la’annonce 50e place dans le classement du Times….. sans préciser qu’il s’agissait d’un classement spécifique aux pays émergents …..
Pour éviter ces dérives, l’Union Européenne a lancé un nouveau système d’évaluation, U-Multirank. Au lieu de classer les établissements, ce site les compare en fonctions des critères pertinents pour chaque utilisateurs : la réputation de l’établissement dans le domaine d’intérêt, sa valeur de sa recherche, son orientation internationale, etc.
Un outil très efficace pour avoir une idée sur les forces et les faiblesses des différentes universités vous intéressant. Malheureusement, pour le moment, toutes les disciplines ne sont pas étudiées.