Après avoir obtenu son diplôme de Licence ou de Master, il se peut que l’étudiant souhaite entamer un nouveau cursus d’études ; soit pour compléter sa formation initiale, soit pour se spécialiser dans un domaine parallèle, soit même pour choisir une voie différente. C’est ce que l’on appelle la double compétence, un double diplôme à la valeur ajoutée indéniable sur le marché du travail. En voici les raisons.

Un marché du travail en mutation, d’où de nouvelles exigences

Selon les statistiques de l’Unesco, pour le seul continent africain, le nombre d’étudiants a plus que triplé ces 15 dernières années, passant de 3,5 millions d’étudiant au début des années 2000 à plus de 12 millions actuellement.
A la sortie des bancs d’universités ou d’écoles supérieures, ils doivent affronter un marché du travail en pleine mutation : économie numérique, digitalisation, dématérialisation, autant d’innovations technologiques qui ont révolutionné le travail.
A cela, il faut ajouter un contexte de mondialisation dans lequel le savoir et les richesses ne connaissent plus de frontières. Conséquence : au sein du monde de l’entreprise, nous assistons à un décloisonnement des métiers ainsi qu’à une interdisciplinarité de l’expertise.
Concrètement, cela signifie que les employeurs recherchent de plus en plus des profils ayant des connaissances dans plusieurs domaines, tel un ingénieur manager par exemple. En effet, l’ingénieur d’aujourd’hui ne se limite plus à une activité purement technique.
Savoir gérer une équipe, mener un projet, parler plusieurs langues et même savoir négocier dans certains cas, fait désormais partie de ses prérogatives. Aujourd’hui, dans beaucoup d’écoles d’ingénieurs, les étudiants se voient proposer des stages en entreprise.
Un ingénieur qui sait manager et avoir un comportement d’affaires, voilà l’exemple type de la double compétence recherchée aujourd’hui. Un exemple ? L’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Nantes, école d’ingénieurs s’il en est, propose un Mastère Spécialisé (MS) Marketing, Design et Création.
L’objectif étant de conjuguer sciences de l’ingénieur et compétences marketing afin de former des profils qui répondent à de nouveaux besoins.

Double compétence, les tendances

Parmi les doubles compétences recherchées sur le marché du travail, on trouve l’alliance management de projets et métiers de la santé. En France mais aussi au Maroc, de plus en plus d’établissements supérieurs proposent des diplômes mêlant ces deux domaines de formation.
Le secteur de la santé étant en pleine transformation, de nouvelles contraintes apparaissent. Ainsi, l’université de Haute-Alsace de Mulhouse propose un Master Management de Projets dans le domaine de la Santé. Ce diplôme prépare à des fonctions de coordinateur des équipes de soins, soit un profil de Directeur des Ressources Humaines médical.
Au Maroc, l’Ecole Supérieure d’Ingénierie de la Santé et de management de Projets (ESISMP) propose quant à elle un Master Management de projet et Environnement Santé formant des cadres qui allient compétences techniques en environnement et connaissances en marketing.
Autre double compétence qui émerge : le BTP et la gestion de projets. L’université Paris-Dauphine a ouvert il y a quelques années un Master Management de l’Immobilier qui forme tant aux métiers de l’analyse financière qu’à ceux de l’expertise immobilière ou encore de l’audit.
C’est là un exemple flagrant du partage d’expertise et de l’interdisciplinarité qui sont dorénavant de mise dans le monde professionnel. Le domaine du droit n’est pas non plus épargné par cette vague de la double compétence.
Face à un monde de la finance en pleine évolution et en pleine crise ces dernières années, les entreprises ont de plus en plus besoins de compétences juridiques. Un signe qui ne trompe pas : Sciences Po-Paris ouvre  à la rentrée 2018 un Master joint Droit et Finance. Adressé aux titulaires d’une Licence, ce diplôme comprend un double cursus.
D’une part, une formation de Master Droit économique au sein de l’Ecole de Droit, et d’autre part une formation de Master Finance et Stratégie au sein de l’Ecole de Management et de l’Innovation. Avec la prolifération des fonds d’investissement  et des banques commerciales, ces profils d’avocats d’affaires dans les cabinets internationaux sont de plus en plus demandés.
Mais les débouchés concernent tout aussi bien des postes dans les assurances, la gestion d’actifs ou même les fusions-acquisitions d’entreprises. Si l’on passe maintenant au domaine commercial, l’on remarquera que là aussi la double compétence est particulièrement appréciée par les recruteurs.
Des industries telles les biotechnologies, l’aéronautique ou encore la microélectronique ont de plus en plus besoin d’un commercial qui sache parler technique afin de mieux vendre le produit. Inversement, de nombreuses Licences professionnelles permettent à des bac+2+3 scientifiques d’acquérir des compétences commerciales de vente et de négociation.
C’est ainsi le cas de la Licence pro Achat et commercialisation de produits industriels à l’international  de l’IUT de Reims. Ou encore de la Licence pro Commercialisation des produits & Services industriels de l’IUT de Créteil-Vitry.  Sachez que l’accès est sélectif  et soumis à un examen du dossier.
Preuve s’il en est que les établissements d’enseignement supérieur ont bien pris conscience de cette importance de la double compétence, ce sont les nouveaux partenariats qui se sont développés ces dernières années entre écoles de commerce et écoles d’ingénieurs afin de délivrer des  doubles diplômes. En voici un florilège parmi les plus importants.

Les partenariats qui permettent un double diplôme Ingénieur-Manager

  • Agro Paris Tech et HEC Paris 
  • Centrale Lille et EDHEC 
  • Centrale Lyon et EM Lyon
  • Centrale Paris et ESSEC
  • EISTI (Ecole Internationale des Sciences du traitement de l’Information) et ESC Grenoble
  • ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile) et Toulouse Business School
  • Mines de Douai et Sciences Po Lille

Des exemples de métiers d’Ingénieur d’affaires :

L’ingénieur d’affaires pilote l’ensemble d’un projet d’affaires à forte valeur technique et financière. Il est amené à superviser une équipe composée à la fois d’ingénieurs et d’industriels.
Ses activités concernant tant le prospect en termes de rentabilité que l’élaboration de solutions techniques dans le cahier de charges du projet. Selon les besoins, il peut évoluer comme :

  • Chargé de projet d’affaires en industrie
  • Chef de projet d’affaires d’ingénierie industrielle
  • Ingénieur d’affaires en industrie
  • Ingénieur de contrats industriels
  • Ingénieur de suivi d’affaires en industrie
  • Ingénieur technico-commercial affaires industrielles
  • Responsable d’affaires en industrie